Patrick Castillon est né le 5 avril 1950 à Touffailles dans le Tarn et Garonne. Il a grandi à Arcachon et vit depuis 12 ans dans la ville voisine de La Teste de Buch. Son premier employeur lui avait dit : « Si tu veux apprendre à travailler tu devras souvent changer de patron, plus tu côtoieras de monde et plus tu apprendras. » Alors il en a usé dix neuf avant de devenir fonctionnaire.  

Après une formation de céramiste en 1977 il s’installe comme artisan potier à Arcachon. L’expérience dure trois ans, il brasse de l’argent, mais pour bien vendre il faut être bien placé et pour être bien placé il faut payer un gros loyer. L’importance du loyer aura raison de sa comptabilité et les élections de 1981 de sa ténacité. Qu’à cela ne tienne, entre temps il donne des cours de poterie à la Maison des Jeunes d’Arcachon et de vacations en vacations il est titularisé en 1985. Il tourne mal et devient fonctionnaire. 

Le rapport avec la sculpture ne semble pas évident. Pourtant, le suivi des courbes en poterie et le suivi du galbe d’un sein ou d’une fesse sont étroitement liés. L’œil s’est habitué, l’œil s’est éduqué, l’œil a appris, et l’œil dirige la main. 

Au départ était un point de soudure, il lui faisait penser et ressemblait à la pointe d’un sein de femme. Ce point de soudure trotta dans sa tête pendant 20 ans, et puis la relation avec la technique céramique du colombin devient une évidence, les morceaux de fer à béton sont assemblés les uns à coté des autres et soudés à la soudure électrique. La grosse différence est que les colombins sont modelés après soudure alors que les fers à béton sont formés avant d’être soudés. La modification après soudure restant minime et délicate.  

Sa passion des contrastes lui permet de s’exprimer pleinement grâce à cette technique : plus de contraintes de formes ou de dimensions. L’utilisation d’un matériau aussi commun que le fer à béton pour sculpter, la lourdeur du fer pour sublimer des corps de femmes et la légèreté de la danse, l’intérieur brûlé par la soudure et l’extérieur brillant et poli par la disqueuse, tout est prétexte au contraste. 

Ses sculptures tournent presque toujours autour des femmes, visiblement sa principale source d’inspiration. « Je ne me contente pas d’aimer les femmes, je les admire ! ». « Comme je ne sais pas crayonner, je fais des photos, alors mon atelier ressemble à la cabine d’un camionneur, mais j’assume : pour moi rien n’est plus beau que le corps dénudé d’une femme, ses seins, ses fesses, ses hanches… ». La matière ne manque pas et son inspiration est permanente. Mais attention ! la marge de manœuvre est étroite, le jeu consiste à tendre vers l’érotisme sans tomber dans la vulgarité. La notion de vulgarité est très subjective, ce qui est vulgaire pour les uns ne l’étant pas pour d’autres. Sans compter que parfois la tentation est grande de faire de la provocation. Le but de l’artiste n’est surtout pas de rallier l’avis du public mais de provoquer, de surprendre, d’étonner et enfin d’éduquer celui-ci. 

Ses sculptures indiquent, montrent, orientent le regard, elles nous obligent à deviner ce qu’il ne veut pas nous montrer. Il ne nous dévoile que l’essentiel, enlevant de la matière pour accentuer le mouvement, ne laissant qu’une ligne directrice pour fluidifier l’élégance. Sa méthode est lente, bruyante et sale, la ferraille est omniprésente et toujours au service de la courbe essentielle… Il ne veut être alors qu’une chose, le ferrailleur de l’essentiel.